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educ - Re: [EDUC] courriel au responsable du C2i

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

Archives de la liste

Re: [EDUC] courriel au responsable du C2i


Chronologique Discussions 
  • From: "Philippe-Charles Nestel (Charlie)" <cnestel AT free.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] courriel au responsable du C2i
  • Date: Sat, 20 Jun 2009 21:11:41 +0200
  • Organization: april AT april.org

ROYER Jean-Yves a écrit :
-----Message d'origine-----
De : Philippe-Charles Nestel (Charlie) [mailto:cnestel AT free.fr]
Envoyé : samedi 20 juin 2009 10:58
À : educ AT april.org
Objet : Re: [EDUC] courriel au responsable du C2i


Bonjour,

Je me permets d'intervenir dans le débat pour acquiescer ton propos. C'est d'ailleurs la position officielle de l'EPI et de l'April.

Oui, oui. Il est seulement question de faire passer ce message aux
responsables du C2i en même temps que la nécessité de se dégager des
logiciels propriétaires. Il est souvent plus facile de faire passer un
changement de méthode à l'occasion d'un changement d'outil.

Je réitère une question aux communautés du libre : pouvons-nous dégager notre
responsabilité du mauvais usage des outils dont nous faisons la promotion ?
MS s'en moque ! Mais nous ?
Pour répondre à ta question, cf. la charte du groupe de travail éducation :

"La communauté du libre éducatif est attachée à la formation d'utilisateurs autonomes, éclairés et responsables et créateurs d'informatique. Une formation aux bases de l'informatique est donc nécessaire.".

http://wiki.april.org/w/CharteGroupeEducation

Je te renvoie également aux positions de l'EPI : "Répétons-le, en matière de formation solide et durable, la simple utilisation « spontanée » d’outils ne suffit pas." résumée sous la forme d'une question ouverte sur le Framablog :
"L'informatique doit-elle rester un simple outil à l'école ?".

http://www.framablog.org/index.php/post/2009/01/17/informatique-education-outil-discipline

Il apparaît donc clairement que promouvoir le seul usage des logiciels libres sans que cet "usage" soit accompagné d'une formation n'a pour nous aucun sens. D'autant plus que l'expérience prouve, sur de nombreuses listes académiques, que les logiciels libres sont mélangés avec des freewares.

Ai-je bien répondu à ton interrogation ?



Or, tous les programmes scolaires, notamment en collège, dans la discipline technologique, qui avaient pour ambition l'apprentissage de l'usage structuré du traitement de textes, ont été supprimés.

Je ne vois pas pourquoi ceci devrait être étudié avec la technologie. C'est
de la logique de présentation d'un discours et de sa formalisation pour être
exploité facilement par un lecteur, éventuellement après un traitement par un
humain (dactylo ou typographe) ou par une machine.
Tu vois pas ?
Alors je vais essayer de te faire un dessin.
Sur un plan totalement trivial, du seul point de vue d'un principe de réalité, l'enseignement des disciplines se fait dans un volume horaire, dans un contexte de dotation d'heures d'enseignements par rapport au nombre d'élèves répartis dans des classes.
Depuis des années, ce que l'on appelle la DGH ne cesse de baisser, c'est-à-dire que le nombre d'élèves par classe s'accroît et les disciplines se trouvent réduites sur des fourchettes dites basses avec l'obligation pour les enseignants de faire des heures supplémentaires ce qui a pour effet de supprimer des postes et de démultiplier le nombre d'enseignants à cheval sur plusieurs établissements.
Dans ce contexte, plus les établissements scolaires sont équipés d'ordinateurs dotés par les collectivités territoriales, moins les élèves manipulent en classe, surtout pour apprendre à faire, par exemple, du traitement de textes.
Il se trouve que 33% des horaires fléchés d'une discipline qui a pour nom "technologie" étaient dédiés à des fondamentaux informatiques, ce qui n'interdisait pas dans les 67 % restants l'utilisateur de l'ordinateur en tant qu'outil.
De plus, lorsque fut projeté le B2i, le professeur de technologie devait le coordonner.
La technologie était donc la seule discipline où les élèves pouvaient apprendre, entre autre, l'usage structuré du traitement de textes.
Sous la pression d'un certain nombre de lobbies, notamment l'Académie des Technologies, la technologie fut redéfinie comme étant la science des objets techniques où l'informatique est soit encapsulée au sein d'un bloc fonctionnel (où hardware et software ne sont pas disjoints), soit utilisée comme un simple outil de conception technologique (logiciels de Dassault Systemes par exemple).
Pour que toutes les disciplines puissent valider les "compétences" du B2i, tous la plupart des items renvoyant à des savoirs informatiques ont été supprimés.
Je ne sais pas si tu es courant ?
Ce qui reste de loi Hadopi, c'est ce que madame Albanel nomme le "volet pédagogique" qui ambitionne entre autre de modifier le B2i et/ou de réinterpréter les items et d'en informer les enseignants => C2i2e.

De plus, je ne partage pas du tout ce que tu dis sur la présentation d'un discours présenté comme étant une vérité alors que c'est bien complexe.
L'organisation hiérarchique d'un discours ne fut réellement rendue efficiente qu'avec l'imprimerie. Décomposer chaque difficulté jusqu'au plus simple élément, c'est-à-dire la représentation arborescente - que tu appelles ça carte heuristique ou table des matières, c'est du pareil au même - date de Descartes.

La fameuse phrase de Mac Luhan : the medium is the message ; c'est-à-dire que le message est conditionné par sa technologie ne pouvait réellement être enseignée que dans un cours de technologie où l'on pouvait par exemple comparer une structure hiérarchique (c'est-à-dire arborescente où tous les éléments sont reliés les uns aux autres par un seul chemin de type usage structuré du traitement de textes, carte heuristique, représentation d'un système de fichiers, etc) d'une structure non hiérarchique et non linéaire (hypertextes qui n'ont pu se développés et se matérialiser qu'avec les ordinateurs en réseaux).

De la même manière que pouvait être enseigné la présentation d'une information selon différents supports technologiques (diaporama, son, montage vidéo).

Souvent les professeurs de Lettres oublient que l'expression écrite est elle même conditionnée par la technologie (par exemple les scènes du théâtre classique par la durée de combustion d'une bougie) etc.

De plus, en cours de français les élèves étudient de la littérature, de la poésie (et encore une fois je te renvoie au conflit entre les orateurs et les imprimeurs qui perdura jusqu'au XVIIIème siècle). De ce fait, ils sont davantage dans un récit narratif qui ne renvoie pas à une table des matières structurée, à la limite en chapitres.

Dans mon collège, ce n'est que par des actions interdisciplinaires entreprises par exemple en option découverte des métiers que mes collègues de lettres ont découvert l'intérêt de l'usage structuré du traitement de textes.

La seule différence est qu'une machine étant bête, le formalisme doit être un
peu plus rigoureux qu'avec un humain. Pour la même raison, certaines erreurs,
corrigées lors d'une recopie, doivent être évitées par un rédacteur dont le
matériau ne peut pas toujours être rectifié automatiquement par un automate.
Hormis les écrivains de la littérature noire américaine qui ont popularisé l'usage de la machine à écrire et une certaine forme d'écriture automatique la plupart des écrivains raturaient, sur-raturaient, découpaient aux ciseaux leurs textes.
Il est faux de considérer que toute écriture fonctionne sur le principe structuré par une arborescence.
Bien souvent, les étudiants se trouvent confrontés à cette problématique à l'occasion de la rédaction d'un mémoire universitaire.
De plus relis certains textes de logique et/ou de philosophie, tu verras qu'ils ne sont pas structurés en chapitres mais selon une logique axiomatique. Cf. La société du spectacle de Guy Debord, ou encore le Tractatus logico-philosophicus de Ludwig Wittgenstein, ou encore d'un certain nombre de textes de Husserl.

L'organisation du discours sous-jacente aux formateurs de textes et/ou au raisonnement par points et sous points d'un usage raisonné du traitement de textes correspond à un modèle de pensée. C'est loin d'être le seul.



Je constate que des enseignants en lettres écrivent des choses très
pertinentes, par exemple :
<http://j.poitou.free.fr/pro/html/num/tr-txt.html>.
Jacques Poitou se présente comme étant un linguiste. Ce qui n'est pas tout à fait la même chose qu'un professeur de lettres.
Les linguistes ont contribué à l'histoire de l'informatique. Par exemple c'est Charles S.Pierce, fondateur de la sémiologie, qui eut l'idée d'appliquer l'algèbre de Boole aux états d'entrée/sortie des circuits électriques qui permit à Shannon qui comptait au rang de ses amis de créer le concept de bit.
//

Certes je ne me mets pas dans la peau d'un collégien ou d'un lycéen... Pourquoi ne pas les mettre dans la
situation d'utiliser un "robot secrétaire", avec toutes ses faiblesses ? N'est-ce pas mieux
d'avoir un "robot secrétaire" que d'être sans aucune assistance ? On peut continuer l'analogie en
se demandant ce qu'il faut connaître du fonctionnement d'un-e secrétaire pour bien collaborer avec lui ou
elle ! Que doit-on connaître d'un ordinateur pour bien l'utiliser ? Comment faut-il le prendre, surtout
quand il est "libre" ?
Le mot e-secrétaire n'est rien d'autre qu'un synonyme de bureautique (office en anglais). L'enjeu premier des logiciels de bureautique et/ou e-secrétaire était bien d'automatiser un certain nombre de tâches. On peut de ce point de vue "bien utiliser" un ordinateur (c'est ce que font les caissières de supermarchés) sans rien y connaître à condition de remplir la compétence demandée. La liberté d'utiliser ne constitue que le degré zéro des logiciels libres. Et encore, devrions nous rajouter, liberté d'utiliser sans restrictions. Ce qui implique un certain nombre de connaissances sous-jacentes au rang desquelles la notion de format de fichier.

Pourquoi Tim Berners-Lee s'est-il appuyé sur le format texte pour créer le langage HTML ?
Pourquoi est-il recommandé de coller un texte importé d'une site web et/ou d'un autre document au format texte et pas directement ?

Voilà des questions que pouvait traiter un professeur de technologie en collège. Questions rayées des programmes.


De ce fait des cohortes entières de jeunes étudiants arrivent à l'université, sans connaissances de base informatique (formats de fichier dont le format texte, etc) et avec une méthode fondée sur l'auto-apprentissage de saisie à la volée, sans structuration typographique, qui les handicapent le jour où ils sont confrontés à la rédaction d'un mémoire.

La poule ou l'oeuf ? Le C2i niveau 1 s'adresse en priorité aux futurs
enseignants. Si on n'interrompt pas rapidement le cercle vicieux, ce n'est
pas demain que la formation sera correctement assurée en primaire.
Pour être franc, il vaut mieux que les mômes de primaire sachent lire et écrire. D'ailleurs avec la réduction hebdomadaire de 3 heures d'enseignement par semaine, que penses-tu que vont faire les instituteurs ?
Et ce d'autant plus que l'on a alourdi leur programme ?

Pour autant, je suis d'accord avec toi sur au moins un point. Sur le plan pédagogique, il est très important d'apprendre aux enfants dès le plus âge à penser/classer comme disait Pérec. En ce sens, un apprentissage simple du traitement de textes, avec des chapitres et des sous-chapitres, au sein desquels les enfants peuvent apprendre à classer, catégoriser, ne peut leur faire que le plus grand bien.
Et en ce sens, l'objectif ce n'est pas le traitement de textes, même si cerise sur le gâteau celui permet son apprentissage.

Cette année on m'a confié un groupe d'enfants d'une classe UPI. Le simple fait deb rechercher des images sur le web, par exemple sur le sport, puis de mettre des titre et des sous-titres selon ce qu'ils avaient trouvé (par exemple : Football (titre 1), ballon de foot (titre 2), chaussures à crampon (titre 2), Natation (titre 1), etc. leur a pris du temps, mais la plupart a réussi de produire un document de plusieurs pages, avec un pied de page, une pagination, une numérotation des chapitres, la génération d'une table des matières. Et ils étaient très fiers de leur travail et avaient mémoriser les procédures.

C'est la raison pour laquelle, dès l'entrée en sixième, tous les élèves seront tenus de faire un "parcours éducatif" dédié à l'usage structuré du traitement de textes. Ce projet est interne à l'établissement et légal, puisqu'hors cours de technologie. On ne peut pas faire autrement.


Incidemment, la structuration n'est pas "typographique". La typographie
s'appuie sur une structure fonctionnelle pour la mettre en relief pour les lecteurs. La
typographie est un moyen de visualiser la structure et non un objectif en soi.
Entièrement d'accord excepté le fait que ce sont les typographes qui ont imposé un certain nombre de règles de structuration. Par exemple la virgule en guise de conjonction de coordination, le paragraphe comme unité de sens.
Je ne partage donc pas l'avis sur ce point qui consiste à réduire la typo à du gris... :-)


Par ailleurs, le handicap apparaît en permanence. Quelle différence entre
rédiger 30 devoirs de 3 pages et un mémoire de 90 pages. Je veux bien
admettre un petit écart pour table des matières et retouches finales, mais
fondamentalement ?
Le cas que tu cites est l'exemple typique de la fameuse démarche cartésienne, du raisonnement par points, structuré en chapitres, sous-chapitres, groupe de notions, notions. Et là je te suis à 100% pour former les enseignants à l'usage raisonné du traitement de textes.

Pour autant, je milite pour d'autres approches qui ne sont pas antagoniques mais complémentaires. On peut aussi exposer des notions à partir d'une structure non-hiérarchique qui ne se décompose pas en arbre. cas de l'approche lexicale qui est typiquement hypertexte.

Bien à toi,
Charlie

--
Membre de l'April - « promouvoir et défendre le logiciel libre » -
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