Re: [EDUC] Structuration des documents (était : [EDUC] courriel au responsable du C2i)

["Philippe-Charles Nestel (Charlie)" <cnestel AT free.fr>]

Pierre Willaime a écrit :
> On Sat, 20 Jun 2009 22:53:19 +0200
> Patrice Pillot <patrice.pillot AT teletopie.net> wrote:
>
>   
> > Enfin, au sujet de LaTeX (ou HTML, ou DocBook ... de ce point de vue)
> > vs. les éditeurs wysiwyg, il ne faut pas oublier que si on ne présente
> > précisément pas le source du document aux yeux du lecteur mais sa
> > transformation en postscript ou en pdf ... , c'est que précisément
> > c'est cette forme qui réalise (au sens propre) de la manière la plus
> > intelligible le texte de l'auteur. 
> >     
>
> Dans un courriel plus bas, j'aborde cette question. Pour moi, je trouve
> que l'on devrait apprendre à tous les étudiants LaTeX mais *sans* sa
> complexité, c'est-à-dire sans les balises, le code, ...
>   
Si l'on suit ce raisonnement jusqu'au bout, on pourrait considérer que 
seul compte, au sein de l'école (prise dans un sens générique), le seul 
usage de "l'outil". Ce que je conteste.
Tout le système éducatif en matière d'informatique, à commencer par le 
B2i, est dominé par l'idéologie des logiciels propriétaires qui consiste 
à réduire l'informatique au seul rang d'outil. Tout apprentissage des 
notions sous-jacentes à leur usage est proscrit.

Un logiciel libre se définit par 4 degrés de liberté. Ce qui inclut, 
bien sûr, le degré zéro : la liberté d'utiliser le logiciel sans 
restrictions, y compris celle de disposer d'un formateur de texte sans 
avoir besoin de saisir des balises, si tel est le bon plaisir.

Pour autant, dans un courriel plus haut :-), j'évoquais à titre 
d'exemple, l'apprentissage structuré du traitement de textes, rayé des 
programmes de technologie. Jean-Yves Royer rétorquait : "je ne vois pas 
pourquoi ceci devrait être étudié avec la technologie".

Je ne sais pas si tu  vois la dérive. Vos deux discours cumulés 
aboutissent à une querelle d'outil : Lyx versus Ooo, pour aboutir à un 
modèle cognitif, sans que les utilisateurs de ces logiciels ne puissent, 
à un moment donné de leur scolarité, apprendre le moindre principe 
informatique.


> Au gros le but est de ne pas laisser le choix du formatage du titre,
> des notes, ... au rédacteur parce que dans 99% des cas, il ne veut pas
> faire ce choix. Le rédacteur clique donc sur titre de niveau x et il
> entre le contenu de son titre, il clique sur note de bas de page et
> entre le contenu, ...
>   
Je ne sais pas ce qui te permet de supposer que dans 99% des cas, le 
rédacteur ne veut pas faire ce choix.

> Cela éviterait la dispersion de penser générer par oOo et autres qui
> coupent la réflexion par des considérations techniques et esthétiques.
>   
Là encore tu pars d'un présupposé bâti sur une méthodologie propre aux 
formateurs de textes - séparer le fond de la forme - pour déboucher sur 
un modèle cognitif qui ne répond qu'à tes propres inductions. Ce n'est 
pas parce qu'il peut être nécessaire, sur un plan méthodologique, de 
séparer le fond et la forme, qu'existe réellement un modèle cognitif 
universel déconnecté de la forme.

Le mode d'écriture du volumen est conditionné par le volumen, le, codex 
en introduit un autre, et l'imprimerie à son tour également. C'est le 
médium qui détermine le message. Il n'y a pas de message déconnecté de 
son support technologique.

Les problèmes auxquels se trouvent confronté les étudiants lorsqu'ils 
doivent écrire un mémoire, surtout lorsqu'ils ont appris en autodidactes 
l'usage d'un traitement de textes à la volée, sont souvent liés à des 
copiés/collés de textes important une mise en page sous-jacente, de 
blancs qui ont conservé des codages indésirables,  d'images qui 
n'apparaissent plus sur le texte copié sur clé USB parce que le logiciel 
ne retrouve plus le chemin, sans parler des bugs qui surgissent toujours 
par hasard la veille d'imprimer leur mémoire et qu'ils rafistolent avec 
une paire de ciseaux à la main, sans parler de sauvegardes dans des 
formats de fichiers que n'arrive pas à relire l'ordinateur du voisin, etc.

Et à ce stade là, il est trop tard.

C'est la raison pour laquelle il serait souhaitable qu'au cours de leurs 
scolarité, quelle que soit leur discipline, tous les étudiants de France 
et de Navarre aient appris un minimum de savoirs informatiques. Or, de 
cela, les lobbies ne veulent pas.

Jusqu'à preuve du contraire, même en intégrant des cours d'algorithmique 
dans le nouveau programme de mathématiques en seconde, à aucun moment de 
la scolarité les programmes de l'éducation nationale n'ont prévu 
d'initiation apprenant à séparer le matériel du logiciel, de 
dmonter/remonter une machine, de comprendre quelques principes de 
fonctionnement du matériel, ce qu'est un système d'exploitation, un 
fichier, un format de fichier, un code-source, un binaire, un protocole, 
etc.

Pourtant, jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas parce qu'un étudiant 
se destine à des études d'architecture, de droit, de vente ou de 
mécanique, qu'il n'a pas, au cours de sa scolarité, reçu des cours de 
biologie, de physique, de musique, d'arts plastiques, de littérature, de 
mathématiques, etc.

Pour revenir au mode de pensée arborescent, que ce soient par l'usage de 
formateurs de textes de type Lyx ou de traitements de textes, nous 
savons tous que c'est, contrairement à ce que l'on veut nous faire 
croire : un mode de pensée morcelé qui prend l'apparence d'une pensée 
structurée bâtie avec les matériaux que l'étudiant a pu glanés.

Pour autant cette pensée reconstruite obéit à un certain nombre de  
règles qu'il est important de maîtriser. Mais ne nous leurrons pas.


Amicalement,
Charlie



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Membre de l'April - « promouvoir et défendre le logiciel libre » - 
http://www.april.org

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