Accéder au contenu.
Menu Sympa

educ - Structuration des documents (était : [EDUC] cou rriel au responsable du C2i)

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

Archives de la liste

Structuration des documents (était : [EDUC] cou rriel au responsable du C2i)


Chronologique Discussions 
  • From: Patrice Pillot <patrice.pillot AT teletopie.net>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Structuration des documents (était : [EDUC] cou rriel au responsable du C2i)
  • Date: Sat, 20 Jun 2009 22:53:19 +0200

[au moment d'envoyer ce message, rédigé en parallèle avec d'autres
tâches, je prends connaissance du dernier courrier de Charlie qui
recoupe à certains endroits mes propos mais j'ai la flemme de redécouper
pour éviter les redites].

Bonsoir,

Faute de temps je ne devrais pourtant pas me lancer dans cette
discussion mais des questions trop sensibles en restent, il me semble,
absentes.

Quelques remarques préliminaires afin d'éviter les malentendus :
- l'outil de saisie de texte sur lequel je passe l'essentiel de mon
temps quotidien c'est vim,
- j'utilise LaTeX pour tout document d'une longueur supérieure à
quelques pages pour peu que ce document ait besoin d'une structuration
rigoureuse et/ou d'illustrations intelligement placées,
- lorsque j'utilise OOo Writer c'est presque toujours via un modèle et
il est exceptionnel que je n'utilise pas les styles pour mettre en
forme le document (mais ces exceptions sont généralement réfléchies et
faites en conscience).

Pour autant, je ne peux m'associer à l'idée qui a été plusieurs fois
exprimée plus ou moins à découvert dans ce fil et qui consiste à
considérer qu'une pensée, pour être intelligible, doit voir sa
formulation se couler dans le moule rigoureux d'un modèle de document
savament mais préalablement établi et surtout rigoureusement
hiérarchisé. Une telle vision me semble tout aussi dangereuse que celle
qui consisterait à poser que l'académique plan ternaire
"thèse-antithèse-synthèse" serait l'alpha et l'oméga de l'expression de
la pensée philosophique. Ce n'est pas parce qu'un document est présenté
de manière linéaire (ou spiralique, ou que sais-je encore) que la pensée
ainsi exposée est "pauvre" - de fait, certaines pensées ne peuvent, sauf
à être sérieusement dénaturées, se plier à une structuration avec des
grands "1" et des petits "a".

D'autre part, s'il est indéniable qu'un grand nombre de documents,
essentiellement professionnels pour ne pas dire industriels, ont une
structure standardisée qui rend des plus profitable l'usage de modèles
et de styles, il me semble qu'un nombre considérable d'écrits échappent
encore (et j'espère pour longtemps encore) au dictat d'une telle
standardisation : sans aller jusqu'aux calligrammes apollinairiens ou à
certaines expériences d'inspiration plus ou moins nettement lettristes,
il reste tout de même tous les écrits poétiques, tous les ouvrages
d'art, toutes les plaquettes d'exposition, ... mais aussi tous les
textes, quelquefois écrits dans un cadre universitaire [1], dont
l'auteur a voulu (et souvent réussi, assisté ou pas) à accorder à
l'expression de sa pensée une forme visible qui en souligne la richesse
et qui a dû pour parvenir à ce résultat aller bien au-delà d'une mise en
page respectueuse d'un quelconque "standard" et faire véritablement
œuvre originale de maquettiste.

Quant à la prétention de vouloir faire du balisage sémantique (à la
docbook par exemple), si elle a tout son sens là encore dans un
processus de documentation industrielle, il faut tout de même garder à
l'esprit que l'exercice devient drosophilesque lorsqu'il consiste à
remplacer "italique" par "emphase" ou "gras" par "emphase forte" ! Si je
confesse avoir cédé aux penchants quelquefois pervers de ma nature
informaticienne le jour où j'ai découvert ce truc, j'ai été bien guéri
de ces penchants le jour où, travaillant à un projet de revue
électronique utilisant le XML comme format pivot, je me suis astreint
avec d'autres collègues à "styler sémantiquement" une vingtaine
d'articles écrits par des chercheurs de différentes spécialités : dans
près de 20% des cas la distinction "emphase forte ou pas" est tout
simplement inopérente et le reste du temps le choix s'effectuait non pas
sur des critères "sémantiques" mais simplement par un respect des
"règles" et des "usages" typographiques.

Enfin, au sujet de LaTeX (ou HTML, ou DocBook ... de ce point de vue)
vs. les éditeurs wysiwyg, il ne faut pas oublier que si on ne présente
précisément pas le source du document aux yeux du lecteur mais sa
transformation en postscript ou en pdf ... , c'est que précisément c'est
cette forme qui réalise (au sens propre) de la manière la plus
intelligible le texte de l'auteur. Pourquoi donc vouloir contraindre
celui-ci à rédiger son texte en tapant le LaTeX, le HTML, "dans le
texte" et donc sous une forme qui ne lui permet pas de "visualier" son
travail ? Bien sûr, je connais les réponses techniques à cette
question, mais par pitié ne renversons pas l'ordre des choses et cessons de
prétendre que de taper du langage de balisage "dans le texte" permet de
mieux articuler sa pensée : par définition celle-ci doit pré-exister à
son expression visuelle et s'il est indéniable qu'il existe une boucle
de rétro-action fructueuse entre la formulation /inexprimée/ de cette
pensée dans l'esprit de l'auteur et sa réalisation /imprimée/ (mais je parle
ici de la version /réalisée/), je doute fort que la nécessité de lire et
d'écrire des balises apporte autre chose qu'une pollution évidemment
visuelle mais sans aucun doute plus profonde dans le processus de
création intellectuelle.

Alors oui, il faut savoir (et donc enseigner à) se servir des styles
parce qu'ils permettent /le plus souvent/ de gagner un temps précieux
(démarche pragmatique) y compris pour la mise au point de documents
non-standards (et puis, pour reprendre une expression de B.B.King qui me
semble faire écho très justement à mes propos, parce qu'il vaut mieux
connaître le solfége et ne pas en avoir besoin que l'inverse), mais
restons prudents dans nos discours et n'érigeons pas les nécessités dues
à l'automatisation du traitement de l'information en modèles
intellectuels ou cognitifs.

pp

[1] je pense précisément ici aux mémoires de fins d'études (ou autres
d'ailleurs) des écoles d'architecture mais il ne doit pas être bien
difficile de trouver d'autres exemples du même acabit.




Archives gérées par MHonArc 2.6.16.

Haut de le page