Re: [EDUC] Une discipline informatique à l' école ?

["Philippe-Charles nestel (Charlie)" <cnestel AT free.fr>]

Patrice Pillot a écrit :
> Il est peu clair là-dessus. Il semble laisser entendre que 
> l'enseignement pourrait commencer au collège, voire avant.
Absolument d'accord. En ce qui me concerne je ne peux parler avec plus 
ou moins de pertinence que pour le seul niveau collège.

> > A partir du moment ou le B2i devient une validation de compétences 
> > obligatoire dès le primaire, les savoirs sous-jacents qui 
> > permettraient de rendre intelligibles ces compétences devraient être 
> > enseignées.
>
> Ce serait logique. Je m'interroge cependant (encore une fois c'est une 
> vraie interrogation) sur le bien-fondé de l'enseignement (voire de 
> l'usage) de l'informatique au primaire, précisément parce que l'usage 
> "raisonné" de l'outil présuppose acquises des compétences de base 
> d'abord peut-être malaisé au primaire. Et il faut mettre celà en 
> rapport avec les autres enseignements et le volume horaire déjà lourd 
> de ceux-ci.
Je ne suis pas compétent pour répondre pour le primaire. Mais en ce qui 
concerne le collège, en tant que professeur de technologie, je ne vois 
que des désavantages à utiliser le concept d'"outil informatique" 
recommandé par l'académie des sciences et technologies.

En premier lieu, lorsqu'on parle d'outil informatique, sans le savoir on 
fait une métaphore.
En second lieu, de métaphore en métaphore, le décideur en arrive à 
considérer que lorsqu'on utilise sa voiture on n'a pas besoin de 
regarder ce qu'il y a sous le capot. Excepté le fait que lorsqu'on 
prétend valider une compétence de type : "Je sais lire les propriétés 
d'un fichier : nom, format, taille, dates de création et de dernière 
modification", il faut bien à un moment donné que soit enseigné ce 
qu'est un fichier, un format de fichier, etc... sinon on fabrique des 
consommateurs mais on n'éduque pas à devenir des citoyens éclairés.

Je suis donc entièrement d'accord avec toi.

En collège le volume horaire existe déjà en technologie mais les 
programmes interdisent formellement de ne traiter l'informatique 
autrement que comme outil.

> > Il est également présent sur les listes de professeurs de technologie 
> > en collège.
>
> OK. Mais je ne suis pas ces canaux. Sont-ils ouverts aux 
> non-enseignants ?

Il suffit d'être inscrit sur les listes.
Voici par exemple un mel posté par une enseignante récemment (qui en dit 
long sur
le malaise) :
---

Bsr,
Je viens de découvrir ton message. Je suis au-delà de l'écoeurement, 
une
aberration n'attend pas l'autre.
Je reprends  les propos d'une collègue (jeune, alors) à propos
de la mutation EMT ----->technologie : "j'apprendrai le (un) livre par
coeur, j'ai besoin de travailler".....
Je me sens maintenant détachée, je ne veux plus me torturer, et me
comporterai en fonctionnaire, comme ns l'a indiqué, en réunion à
Levallois-Perret, l'inspecteur : "Vous êtes fonctionnaires-comme moi- 
et en
tps que tels obligés d'appliquer les instructions officielles."

Qui se soucie encore de cohérence et de qualité de l'enseignement ? 
Nous,
les profs et cela ne sert à rien, si ce n'est à ns déstabiliser, ns 
faire
souffrir.

Seule l'informatique nous donne encore légitimité et reconnaissance et 
elle 
disparaît des programmes.

Cordialement
Joëlle

"
----


> Oui oui oui, entièrement d'accord ! Ma question sur les moyens (je 
> pense que c'est ça que tu appelles question bureaucratique) 
Non je ne pensais pas à cela... mais dès que l'on aborde dans le milieu 
enseignant des questions de type formateurs de formateurs, etc... ça 
produit chez un certain nombre d'entre eux, surtout chez les jeunes, des 
boutons, tant ils ont vécu leur passage en IUFM comme un passage obligé 
dans une secte...


> trouve sa raison d'être dans le fait que je crains qu'à ne pas la 
> poser, on se retrouve dans le cas de l'enseignement des langues à 
> l'élémentaire où faute d'enseignants compétents, des circulaires 
> locales (31) en sont à insister sur la nécessité de couvrir le volume 
> horaire, même par des enseignants incapables de prononcer correctement 
> la langue étrangère. Bref, je ne voudrais pas qu'une fututre
> "discipline" informatique soit créée pour les seuls besoins 
> d'affichage, mais sans aucuns formateurs compétents. Ce souci se 
> généralise à d'autres situations : AVS/EVS, aide aux devoirs, etc.

Absolument d'accord. Maintenant je vois parfaitement ce que tu veux 
dire. C'est la raison pour laquelle je pense qu'on peut partir, pour une 
base concrête, des items du B2i tout en ayant d'authentiques objectifs 
d'éducation en tête... et ensuite des formations et du temps nécessaire. 
Et ce d'autant plus qu'un grand nbre d'items du B2I sont un peu neuneu.

> > L'enseignement de la programmation est sans doute fondamental mais 
> > avant d'en arriver là, d'autres prérequis informatiques sont 
> > nécessaires.
>
> Entièrement d'accord, c'est pour ça que je prenais l'exemple de la 
> représentation des données qui sous-tend, il me semble, toute 
> connaissance dans le domaine informatique.

Oui. Et même apprendre à séparer le hardware du software (prérequis plus 
facile pour expliquer ensuite ce qui distingue le système des applicatifs.
> > A noter que certains de ces prérequis ont disparu des programmes de 
> > technologie sous la pression de l'académie des sciences et technologie.
>
> Je connais mal^Wpas tout ça. Quels furent les prétextes d'icelle ?
>
> > > Au vu des contacts que je peux avoir, pourtant assez fréquemment, 
> > > avec les enseignants, j'en doute (mais l'emploi de "douter" n'est 
> > > ici pas euphémistique). Comment dès lors organiser matériellement 
> > > cet enseignement ? Quels moyens humains sont mobilisables, dans 
> > > quels délais.
> >
> > Sur quels critères objectifs te baes-tu ?

Le rapport sur le socle commun accessible sur leur site (juste en 
dessous de celui sur la brevetabilité des logiciels)...
Je me base aussi sur les déclarations de Fillon lui-même alors ministre 
de l'éducation, à l'Assemblée, qui renvoyait à l'Académie des sciences 
et technologies pour toutes les questions ayant trait à la technologie à 
l'école.


> Tu veux dire sur quoi sont fondés mes doutes ? Sur la fréquentation 
> des enseignants de mes propres gamins, au primaire et au collège. 
> Quelques exemples : utilisation d'excel pour tracer des organigrammes, 
> Gimp (apparement soutenu par des collégiens ;-)) refusé car 
> "incapable" de permettre le collage de différentes images, ...
>
> Entendons-nous bien, je ne suis pas idiot au point de penser que mon 
> expérience est, en tant que telle, généralisable et qu'aucun prof 
> n'est capable d'enseigner les fondamentaux de l'informatique, pas de 
> procès d'intention ici. C'est pourquoi j'ai d'ailleurs pris soin de 
> préciser que j'employais le verbe douter dans son sens de 
> s'interroger, pas de manière dépréciative.
>
> Simplement, si je pose d'un côté ce que j'ai pu constater, à savoir 
> des enseignants n'ayant d'autres connaissances/compétences 
> informatiques que celles qu'ils ont acquises par eux-mêmes (j'ai pris 
> le soin de le vérifier en discutant avec les intéressés) et de l'autre 
> côté l'absence apparente (mais j'avoue mieux connaître la formation 
> des enseignants de l'élémentaire que du secondaire) de formation à 
> l'informatique (sur les fondamentaux, s'entend) disponibles pour les 
> enseignants eux-mêmes (sauf pour ceux qui bifurqueront d'une formation 
> spécialisée genre BTS ou license info vers une formation d'enseignants 
> à l'IUFM), je me demande quel population enseignante est aujourd'hui 
> formée à enseigner l'informatique dans l'esprit voulu par JPA. Encore 
> une fois, c'est une vraie question, je suis conscient de risquer de 
> passer au travers d'une réalité autre que celle que j'ai formée 
> mentalement à partir de mes observations et cogitations.
JPA se réfère en réalité à l'ancienne option informatique des lycées 
supprimée par Claude Allègre.

J'arrête là par manque de temps...

Je suis désolé de ne pas pouvoir continuer.
Je serais davantage disponible la semaine prochaine.

Amicalement Charlie