Re: [EDUC] Une discipline informatique à l' école ? (spécificité de l'information )

["Philippe-Charles nestel (Charlie)" <cnestel AT free.fr>]

Patrice Pillot a écrit :
> Je partage aussi cette idée de la nécessité d'une appréhension 
> critique de l'information, de toute information. Je considère 
> d'ailleurs qu'elle doit être le fondement de toute démarche éducative. 
> Mais y a-t-il une spécificité de l'élaboration d'une telle attitude 
> critique lorsque l'information est transmise par un ordinateur, une 
> télévision, un politicien, un universitaire ?

Je ne voudrais pas reprendre le vieux débat ouvert par Mac Luhan au 
début des années soixante qui considère que ce qui compte ce n'est pas 
le contenu mais le médium lui-même.

a) Ce qui importe du point de vue  technologique dans une  production  
de documents numériques, c'est d'apprendre aux élèves à séparer le fond 
et la forme que ce soit aussi bien dans l'usage d'un traitement de texte 
de type OpenOffice.org, de feuilles de style, de CSS ou de LaTeX. Reste 
à déterminer où, comment et à quel niveau ?

L'objectif principal d'une éducation informatique à l'école (école prise 
dans son sens générique) ne devrait donc pas se substituer aux 
disciplines dont c'est la mission première de développer une attitude 
critique face à l'information transmise par un quelconque media que 
d'apprendre aux élèves à structurer et hiérarchiser leur propre 
expression lorsqu'il s'agit par exemple de générer une table des 
matières (objectif raisonnable à atteindre dès le niveau sixième).

En revanche, s'il s'agit d'apprendre aux élèves à rechercher de 
l'information sur un moteur basé sur de l'indexation plein texte, 
apprendre dès le plus jeune âge aux gamins que lorsque le corpus de 
données est trop grand (cas du web) toute méthode sémantique 
(c'est-à-dire toute méthode de catégorisation, de classification 
arborescente) doit être abandonnée.

Voilà quelques exemples qui permettraient d'acquérir des pré-requis qui 
ne sont pas du domaine algorithmique et/ou de programmation ; ce qui 
n'interdit pas d'aborder également la programmation.



> Je n'ignore pas la fascination, voire la sidération que les médias 
> visuels peuvent provoquer par leur nature même. Mais est-ce le rôle 
> spécifique d'un hypothétique formateur informatique que de chercher à 
> développer l'esprit critique de ses gamins ? Il me semble que tout 
> enseignement doit viser à développer cette capacité critique, cette 
> iconoclastie. Il n'y a rien de spécifique au formateur informatique.
D'autres enjeux se posent, à propos de l'image, au collège, dès la fin 
de la quatrième.
Interdisciplinaires en premier lieu. En quatrième l'élève aborde en 
physique la synthèse soustractive et additive. Il peut donc comprendre 
dans un cours spécifique informatique les 3 segments RVB qui composent 
un pixel, il peut comprendre pourquoi chacun d'eux est codé sur un octet 
dans la mesure où il vient d'apprendre en maths que n puissance zéro =1, 
il peut donc comprendre une numération en base 10, 2 ou 16.

Il peut comprendre l'histoire des sciences. Qui était Boole, qui était 
Claude Shannon et pourquoi une cinquantaine
d'années après Boole, Shannon décida d'utiliser l'algèbre de Boole et 
créer le concept de BIT pour élaborer une théorie de l'information sur 
les états d'entrée/sortie des circuits électriques...

etc...

Ce qui importe sur le niveau collège, c'est de permettre aux élèves de 
décrypter leur environnement numérique dans un cadre interdisciplinaire 
où l'informatique n'est pas qu'un "outil" mais un objet d'étude 
technologique au même titre que l'on admet que la technologie est la 
science des objets techniques.
Mais peut-on objectivement considérer comme non technologiques les 
objets numériques ?
Je ne le crois pas.

Voilà quelques pistes de réflexion.

Amicalement Charlie