Re: [EDUC] Eureka : Colin de la Higuera et Gilles Dowek ont enfin trouvé la solution

[André Salaün <andresalaun AT free.fr>]

Le Wed, 10 Dec 2014 19:21:07 +0100
fabio <fabio.pasqualini AT ac-reims.fr> a écrit:

> Bonsoir,
> 
> Le 09/12/2014 23:44, mtkarkar a écrit :
> > La vraie science informatique , son noyau de base, est un ou des
> > chapitres des mathématiques. C'est pour cela qu'elle doit être
> > enseignée par des professeurs de mathématiques aux niveaux du
> > primaire et secondaire.
> 
> Je modérerais ce propos. Il est intéressant d'aller faire un tour à
> ce sujet sur la séance de présentation faite par Berry qui tente de
> définir la science informatique, entre autre, par le fait de
> l'existence du bug, lors de sa prise de chaire au Collège de France !
> 
> Tout ramener à l'apprentissage des mathématiques est aussi radical
> que tout ramener à l'apprentissage du français.
> 
> Ceci étant, je reste persuadé que l'avenir est dans la disparition
> des disciplines jusqu'au moins fin de collège.
> 
> Je ne m'étendrais donc pas sur la notion de prof. d'informatique mais
> je ne pense pas que ce soit du tout pertinent que des profs de maths 
> prennent en charge l'informatique au primaire ! Je rappelle que la 
> compétence professionnelle d'un professeur du secondaire n'est pas de 
> savoir mais de savoir transmettre, ce qui est une autre paire de 
> manches, nous sommes bien placés pour le savoir ! ;)
> 
> Mes amitiés,
> Fabio
> 
> 
Apprendre le "code" à l'école primaire, comme disait notre passager
ministre, juste l'histoire de dire quelque chose, est une absurdité
sans nom.

Pour quoi faire d'ailleurs ? Produire des "pisseurs de code à pas cher"
comme l'Inde ou les pays "concurrentiels", faire tomber le coût de
ligne ?

Et même si l'on tient à l'informatique etc., ça n'est pas de codeurs
dont on manque (sauf pour les productivistes) mais de concepteurs et
d'intelligence, le code aujourd'hui ça se sous-traite. Il veut quoi
Hamon, essayer de concurrencer l'Inde ou le Pakistan et demain ?
L'Afrique ?

Il y a bien d'autres choses plus importantes à y faire (à l'école) et
certainement pas des apprentissages trop précoces pour faire plaisir à
quelques entrepreneurs, qu'ils soient dans le logiciel libre ou pas
d' ailleurs, celui-ci n'étant pas en aucun cas une garantie de bonne
conduite ni de compétence éducative ou prospective, chanson reprise en
chœur de préférence, par les médiatocrates de service qui ne savent plus
comment se distinguer du vulgum ou quelles pompes lécher dans leurs
canards, tv et radios.

Ceci dit ça ne mange pas de pain de tirer des plans sur la comète, d'
avancer des inepties à la pelle et totalement déconnectées du réel. Ça
a surtout, entre autres avantages, de ne pas parler des sujets qui
fâchent et qui eux sont très sérieux, ou de n'en parler qu'en passant,
en énonçant un certain nombre d'idées reçues et de
mensonges (je crois qu'on dit contre-vérités en langue de bois), comme
les problèmes éducatifs des familles, les questions de comportement, de
syntaxe, de lexique et quelques autres broutilles du même acabit.

On me dira que ça se résoudra tout seul par l'apprentissage du code et
des notions qui le sous-tendent bla bla bla. Encore un miracle
"des nouvelles méthodes| techniques | formes  d'apprentissages" ou comme
on dit d'nos jours "pratiques"  voire des "bonnes pratiques" (on
remarquera au passage que tout tourne autour d'un vocabulaire
mécaniste ce qui ne laisse pas de m'étonner, mais c'est une autre
histoire) tout comme auraient du l'être en leur temps l'introduction du
"multimédia", le "plan informatique pour tous", la photocopie, les
portables, les TBI, les tablettes, la lecture globale, la pédagogie de
l'éveil, la grammaire fonctionnelle ou les "mathématiques modernes" et
la théorie des ensembles (si, si, à l'école primaire ! monsieur oui !
oui !) l'observation réfléchie de la langue (sic) que sais-je encore
(mais je peux les rechercher). Toutes nouveautés définitives et ultimes
bien sûr et sur lesquels les mêmes délires furent bâtis par les "mêmes
milieux" avec quasiment les mêmes arguments. On pourrait ressortir les
archives.

C'était presqu' à l'image de la "fin de l' histoire", la "fin de la
pédagogie".

Sauf que ... badaboum.

Mais les bougres n'abandonnent pas, si ça a échoué c'est qu'on n'est
pas aller assez loin. Or donc après le TBI et les tablettes, voilà le
code. Tudieu l'ami ! Vous me la baillez belle !

En tout cas ça fait marcher le commerce si ça ne fait pas progresser
la pensée.

Et bien sûr pendant ce temps-là les petits génies de la Silicon Valley
filent de la pâte à modeler à leur gamins et planques les écrans. Vous
avez dit bizarre, comme c'est bizarre... 

Je ne vois pas bien, en tant que libriste convaincu, ce que j'irais
faire dans cette galère, comme disait l'autre.

Mais bien sûr n'ayant que quelques dizaines d'années d'expérience
professionnelle et de réflexion dans ce domaine, je ne suis sans doute
pas apte, compétent, habilité à en parler ni d'ailleurs à en témoigner.
Je tends même la joue à mes adversaires en leur avançant la citation
à la con (mais néanmoins paraphrasable) du jour : « la guerre est une
chose trop sérieuse ...»

En espérant qu'ils respecteront un certain code... de l'honneur en
m'étrillant ;-))

-- 
A.Salaün